Portrait de paysanne – Clémence Bet-Garitan – Arboricultrice

Interview de Clémence Bet-Garitan, productrice de fruits rouges et de confitures à l’Arbralegumes

Clémence vient de reprendre la ferme des Grands Bois. 

C’est au moment où son père, arboriculteur, approchait de la retraite que Clémence se posa la question de reprendre la ferme. Elle commença donc une formation qui délivre le Brevet Professionnel de Responsable d’Exploitation Agricole.  Elle travaillait à l’époque comme salariée dans la distribution de fruits et de légumes, où elle avait accompli un long cursus qui lui avait fait tester toutes les tâches et tous les degrés, de la caissière en grande surface à la responsabilité d’un magasin bio et de produits frais. 

Au terme de son étude, où elle avait pris l’exploitation familiale comme sujet, elle réalisa qu’elle se sentait davantage attirée par le travail en extérieur que par la récolte de pommes destinées au pressage, ce qui nécessite de passer la majorité du temps en laboratoire. 

De nombreuses fermes arboricoles sont à reprendre dans les Monts du Lyonnais mais la majorité sont  menées en agriculture intensive et conventionnelle. Les variétés sont donc choisies pour répondre à des objectifs de rendement et sont très sensibles aux maladies, ce qui nécessite des traitements chimiques très fréquents. Les variétés bio sont choisies  pour leur rusticité (résistances aux maladies) et leur adaptation au climat et au terroir (variétés anciennes ou locales résistantes aux températures et à la sécheresse). 

Arracher puis replanter signifie de nombreuses années sans production, avec des investissements très importants. Robert Peillon arrivait aussi à la retraite et cherchait repreneur. Pendant 3 ans, ils travaillèrent ensemble. Avant que Clémence en prenne la direction, elle eut le temps de découvrir tous les recoins de cette ferme de 12 hectares située à 400 m d’altitude à Saint-Romain-en-Gier et dont 1,5 hectare est actuellement occupé par la production de fruits. Clémence souhaite planter d’autres figuiers et différentes espèces de kakis, des camerisiers (ou baie de chèvrefeuille bleue) et des aronias dont les baies sont un peu plus grosses que le sureau, en plus des néfliers et des vignes. Mais les fruits rouges nécessitent aussi beaucoup d’espace ; à cause des champignons, les fraises voyagent 10 ans avant de pouvoir retrouver leur carré initial. Les framboises peuvent rester plus longtemps mais devront être plantées sur une autre parcelle au bout de 6 à 8 ans.

La ferme est exposée aux quatre-vents. Ceci impacte le mode de protection ; les serres qui protègent les plantations doivent être bien attachées. Les jeunes arbres sont paillés et voilés en hiver. Quand les fruits rouges arrivent à mûrissement, ils attirent par leur couleur une petite mouche, la drosophile, venue de l’Est – sans son prédateur – qui pond dans le fruit et le rend aigre. Il faut ramasser vite. A partir de juillet, la cadence de ramassage s’accélère ; quatre personnes sont employées quelques matinées par semaine. A part le replantage des fraisiers chaque année, ces emplois sont la principale charge de production. Cette année la hausse de 50% des emballages, carton, couvercles en métal et verre s’y est ajoutée.

Car Clémence complète sa production de fruits frais par celle de confitures, de pâtes de fruits et de coulis, transformation astucieuse de ses invendus qui correspondent à 20% de la récolte. Elle assure seule cette activité. La préparation des pots se fait en hiver. Fin février, les  premières fraises qui donneront début mai doivent être bâchées. De mai à octobre,  les jours sont rythmés par les récoltes le matin et la vente l’après-midi. Deux fois par semaine, Clémence vend ses produits au marché ; et une fois localement à Brignais selon ce qui lui reste. Un magasin de producteurs sur St-Chamond présente ses fruits et confitures.

Après 7 années depuis le début de sa reconversion : étude, choix du modèle qui lui convient, préparation à ses tâches actuelles, devenue maman d’un deuxième enfant, et bien que Robert l’accompagne encore dans cette transition, en janvier, Clémence est enfin devenue maître en son domaine. Elle est contente de ses choix et heureuse de sentir une dynamique commune avec la sienne au sein de l’Arbralégumes. Bon vent et merci à Robert. Bienvenue parmi nous Clémence ! 

Interviewée par Christine Godreau le 20/02/2022.

Clémence Bet-Garitan est arboricultrice à St Romain en Gier (69)